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Historique et impact de la croissance des IXP

Nous sommes en 1990 : Internet compte quelques millions d’utilisateurs et les premières entreprises commerciales ont récemment adopté cette nouvelle infrastructure distribuée.

 

L’acheminement du trafic réseau d’une région à l’autre dépend généralement des grands fournisseurs de transit (niveau 1). Ces niveaux 1 se situent au sommet de la hiérarchie, composée de quelques milliers d’AS existants, formant ce qu’on appelle le réseau des réseaux.

 

Beaucoup de choses ont changé depuis ces débuts, quand les petits AS payaient les plus gros pour de la connectivité. Cette dépendance à l’égard des intermédiaires s’est traduite par des frais de transit, des routes indirectes, des temps de trajet aller-retour importants et un manque général de contrôle sur la qualité du service. Le contournement des intermédiaires par des interconnexions directes de peering est devenu la réponse évidente, et les points d’échange Internet (IXP) sont alors apparus comme la solution par défaut pour établir ses connexions.

 

Entre 2008 et 2016, le nombre d’IXP et de membres a pratiquement triplé. Dans le même temps, l’accessibilité via ces installations a stagné autour de 80 % de l’espace d’adressage annoncé (IPv4) tandis que la résilience augmentait en raison de la redondance croissante.

 

Dans presque toutes les régions, notamment en Europe et en Amérique du Nord, les membres d’IXP se sont enrichis avec un nombre croissant d’adhérents et une accessibilité supérieure. Cependant, les écosystèmes régionaux étaient distincts. Par exemple, les IXP européens comptaient le plus grand nombre de membres mais les plus petits AS (en termes d’accessibilité), l’Asie-Pacifique se situait à l’extrême opposé.

 

Cette croissance pose la question de l’impact observable des IXP sur Internet. Pour répondre à cette question, l’Université Queen Mary de Londres, en collaboration avec des chercheurs de Roma Tre Univ, du Consortium GARR et de l’Université de Tokyo, a extrait une grande collection de traceroutes couvrant la même période et a identifié des IXP traversés.

 

Les IXP ont eu un impact évident sur la réduction de la longueur moyenne des chemins d’accès au niveau AS, en particulier pour les grands réseaux mondiaux (hypergiants). Étant donné que ces réseaux sont à forte intensité de trafic, il est probable qu’une grande partie du trafic Internet ait bénéficié d’une réduction substantielle du nombre d’AS traversés.

 

Ils ont aussi clairement aidé à contourner les fournisseurs de transit de niveau 1. Leur impact sur la réduction du nombre de liaisons de transit (pas nécessairement de niveau 1) visibles sur le traceroute est toutefois plus modérée.

 

Malgré ces changements, une hiérarchie claire demeure, avec un petit nombre de réseaux jouant un rôle central. Il est intéressant de noter qu’il existe un petit groupe de réseaux très centraux, indépendamment du fait que les chemins traversent un IXP ou non.

 

De plus, la hiérarchie d’Internet a changé : les grands réseaux centraux ont réduit leur utilisation des peerings publics alors que les IXP ont été adoptés par des AS plus petits et moins centraux. Cela s’explique probablement par la popularité croissante des interconnexions de réseaux privés (PNI), qui sont généralement favorisées par les AS lorsque de gros volumes de trafic sont échangés.

 

Dans l’ensemble, l’augmentation du nombre d’IXP depuis 2008 a eu un impact évident sur l’évolution d’Internet, raccourcissant les chemins (principalement) vers des hypergiants et réduisant la dépendance vis-à-vis des fournisseurs de transit Tier 1.

 

Les résultats doivent être interprétés à la lumière des contraintes des données existantes, et il existe un certain nombre de domaines où des travaux sont possibles. Par exemple, les données topologiques sont indépendantes des volumes de trafic et la visibilité totale sur Internet est impossible à atteindre.

 

De plus, les stratégies de redirection des réseaux de distribution de contenu (CDN) ne sont pas prises en compte dans les traceroutes ; il est supposé que la comptabilisation des volumes de trafic, de plus en plus importants, livrés par ces réseaux appuierait probablement ces conclusions.

 

 

 

 

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Source : RIPE

 

 

 

 

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